Les Primeurs, ce système unique au monde qui permet aux professionnels de déguster le dernier millésime près de deux ans avant sa mise sur le marché, ont eu lieu du 1er au 5 avril 2019. Pendant cinq jours se sont retrouvés à Cos d’Estournel mille neuf cents négociants, courtiers, journalistes, sommeliers et clients venus du monde entier. Retour sur les coulisses d’un événement exceptionnel avec Angélique Meynieu, Maître de chai.
Il est double.
Côté équipes, quelques jours avant le début des Primeurs, je réunis tous les vignerons et les ouvriers du chai pour établir le déroulement de la semaine, échanger sur la façon dont nous présenterons nos vins et répartir le travail entre les équipes. Ainsi, pendant la semaine des Primeurs, chacun sait quoi faire et quand le faire : qui accueille et guide les visiteurs sur le parking, qui sert le vin dans la salle des pagodes, qui nettoie les verres… C’est un ballet de haute volée, précis et parfaitement huilé, qui doit s’opérer pendant cette semaine intense.
Et puis il y a les échantillons. Les vins sont assemblés et en barrique depuis décembre. Tout compte dans l’élevage d’un vin et comme nous travaillons avec plusieurs tonneliers, toutes les barriques ne façonnent pas exactement le même vin.
Chaque matin, Dominique (Arangoïts, le Directeur Technique) et moi arrivons tôt pour déguster et prélever les échantillons à la barrique. Nous étiquetons chaque échantillon à la main en indiquant le millésime, la date du prélèvement, le nom de la personne qui a fait ce prélèvement. Puis nous stockons les échantillons en cave à température optimale.
Ensuite nous accueillons les vignerons qui font le service et les dégustations commencent. Toute la journée, je suis sur le pont pour coordonner l’équipe, vérifier que tout se passe bien, répondre à leurs questions. Je vérifie aussi régulièrement la température des échantillons.
À la fin de la journée, nous nous occupons de la mise en place pour le lendemain.
Les membres des équipes de la vigne et du chai sont contents de participer à cet événement. Même si le service peut générer de l’inquiétude puisque ce n’est pas leur métier, ils savent que je suis là pour les rassurer et être à l’écoute.
Ils aiment cette période. C’est un temps fort pendant lequel l’ensemble des équipes se retrouvent : les vignerons qui prennent soin de la vigne et les ouvriers qui travaillent au chai ne se croisant pas forcément au cours de l’année. Là, tout le monde se mélange, un peu comme au moment des vendanges, l’autre temps fort de l’année.
Ils savent aussi que c’est un moment important pour Cos d’Estournel, et donc pour eux qui ont participé à son élaboration.
Pendant les Primeurs, ils découvrent l’autre bout de la chaîne : la réaction des clients qui dégustent le résultat de leur travail. Et cela les rend fiers ! Ils se rendent compte qu’après le travail de la vigne, la vinification, l’élevage du vin, nous œuvrons à mettre en avant leur travail quotidien.
J’aime le fait de réunir les équipes des vignes et celles du chai. C’est une autre ambiance, chacun sort de son quotidien et se retrouve au service des vins de Cos d’Estournel, une sorte de parenthèse.
Comme je suis là pour l’encadrement du service, je vois la réaction des personnes qui dégustent. C’est un plaisir de constater que nos vins sont appréciés dans le monde entier et notre travail reconnu à cette occasion.
Il y a toutes ces dégustations, que l’on fait dès le début, à la cuve, puis avec les assemblages. On déguste beaucoup, souvent. Et puis une fois que le vin est mis en barrique, il y a cette dégustation finale d’assemblage en mars. Le temps s’arrête. On découvre le nouveau-né. Il est là, il est sans doute encore mieux que ce qu’on imaginait. C’est émouvant. C’est un beau moment, celui de sa révélation.
Les choix qu’on a faits, les décisions qu’on a prises pendant un an, on les tient là dans le verre.