J’ai vu comme tout le monde l’intérêt grandissant pour les NOLO, boissons sans (« no ») ou à faible teneur en alcool (« lo »). Mais pourquoi consommer un « alcool sans alcool » quand vous pouvez tout simplement découvrir la richesse d’un produit naturellement sans alcool, le thé, qui offre une exceptionnelle diversité, jusqu’au thé pétillant ?
Avec le thé, on voit la matière brute, les feuilles : vous avez la possibilité de voir, de sentir, et même d’écouter les feuilles de thé. Mais il y a beaucoup de points communs avec le vin : le thé va présenter un profil évolutif lors de la dégustation, comme le vin. Au niveau du goût, on parle aussi de structure pour le thé, même si les tannins ou l’acidité sont beaucoup plus délicats que dans le vin. Enfin, on parle aussi de finale pour le thé. Si la finale d’un vin tend à s’estomper progressivement en bouche, celle d’un excellent thé a tendance à être particulièrement persistante : vous finissez le thé sur une note légèrement amère, mais arrive ensuite un arrièregoût plus doux qui crée un rebond et une grande longueur.
Ce sont deux produits agricoles intimement liés au terroir. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le monde du thé commence là où s’arrête celui du vin. La vigne aime les climats plutôt secs et le thé les climat tropicaux et subtropicaux humides. Il y a aussi une grande diversité de plants, pas autant que de cépages toutefois. Enfin, on parle aussi de vieux théiers, comme de vieilles vignes, qui sont aujourd’hui protégés, comme le Big Red Robe que l’on trouve dans le sud de la Chine.
Comme le vin, le thé compte de nombreux collectionneurs prêts à payer très cher pour les thés les plus rares. Il y a par exemple l’Oriental Beauty que l’on trouve à Taiwan : un thé très rare qui tire ses intenses arômes de miel des enzymes que la plante crée pour lutter contre les attaques de cicadelle. Un phénomène qui rappelle les grands vins liquoreux dont les arômes proviennent du botrytis !
Cos d’Estournel offre une rencontre entre l’Est et l’Ouest. L’art de l’assemblage pour atteindre l’excellence de Cos d’Estournel m’évoque un thé noir taïwanais très rare et de grande qualité appelé Ruby 18. Il est cultivé spécifiquement dans la région de Sun Moon Lake, qui me rappelle Bordeaux par l’influence des confluences aquatiques qui l’entourent. Le thé Ruby 18 est doux et rond, a un goût malté, subtilement mentholé, avec des notes de tabac, de pruneaux et de raisins secs qui me rappellent la complexité des grands vins de Bordeaux.